Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (2018-2020)
Chercheuse principale : Suzie Beaulieu (ULaval)
Co-chercheuse : Kristin Reinke (ULaval), collaborateur : Leif Michael French (Sam Houston State University)
Résumé :
Depuis les deux dernières décennies, le Canada mise sur un accroissement des communautés immigrantes pour faire face au vieillissement de la population et pour combler une rareté de main d’œuvre. Dans ce contexte, des villes canadiennes traditionnellement homogènes, comme dans le cas qui nous intéresse, la ville de Québec, voient leur paysage ethnoculturel se diversifier considérablement et rapidement, ce qui donne lieu à des débats entourant la diversité culturelle grandissante et la place de l’immigration. C’est donc souvent dans un contexte de tension idéologique que les nouveaux arrivants doivent parvenir à maitriser le français à un niveau qui leur conférera le capital linguistique nécessaire pour favoriser leur intégration socioprofessionnelle et contribuer, tel qu’attendu, à leur nouveau milieu.
Étant donné le rôle déterminant que joue le contexte social sur l’apprentissage de la langue et le processus d’acculturation, il nous importe de documenter les signes d’ouverture et de tension des sociétés d’accueil qui se manifestent sur la base du français parlé par les nouveaux arrivants. L’objectif de notre recherche est de mettre en lumière les attitudes positives ou négatives que les résidents de la ville de Québec adoptent à l’égard de locuteurs non francophones dont le français est marqué par la présence d’un accent étranger. Cette étude préliminaire repose sur l’identification des attitudes linguistiques et de leurs fondements à l’égard de quatre groupes ethnolinguistiques importants (c.à.d., arabe, espagnol, mandarin et anglais) de la ville Québec. Les participants de ce groupe pilote, des étudiants francophones âgés entre 20 à 25 ans, évalueront des échantillons de paroles différenciés par l’appartenance à un groupe ethnique marquée par la présence d’un accent étranger dans un premier test, ou par l’apparence physique dans un deuxième test. L’étude propose également d’identifier les facteurs personnels (p.ex. : expériences antérieures de contacts intergroupes) corrélés aux attitudes rapportées par l’entremise d’un questionnaire. Les données ainsi recueillies seront croisées afin de révéler 1) la nature des attitudes linguistiques des participants (positives ou négatives), 2) si ces attitudes sont les mêmes à l’égard des quatre groupes ethnolinguistiques et 3) le rôle des expériences et croyances personnelles à la base des attitudes rapportées.