Projets en cours

La langue du doublage québécois : les attitudes des Québécois par rapport à une pratique langagière à contre-courant de leur réalité sociolinguistique

Subvention : Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, Subvention Savoir (2020-2022)

Chercheuse principale : Kristin Reinke (ULaval)

Collaborateurs : Suzie Beaulieu (ULaval), Luc Ostiguy (UQTR)

Résumé :

La problématique de la langue des films et des téléséries doublés au Québec est un enjeu où interviennent des aspects fondamentaux de la société québécoise tels que l’identité culturelle et la sensibilité linguistique. Dans une précédente recherche, nous avons montré que les prononciations typiques du français québécois (FQ) sont quasi absentes dans les doublages, réalisés, en grande partie sans nuances, en français normatif. Cette pratique langagière étonne car elle va à contre-courant de celles observées de nos jours au cinéma et dans les médias de divertissement et d’information, plus accueillants envers les variétés du FQ. Diverses raisons ont été évoquées par l’industrie du doublage pour expliquer ce paradoxe, mais elles ne reposent que sur des croyances, la coutume ou un parti-pris traductologique. Dans les faits, on ne sait rien des attitudes linguistiques des Québécois à l’égard de la langue utilisée dans le doublage, puisqu’aucune étude n’a porté sur cette question.

Pour mettre au jour ces attitudes linguistiques, ce nouveau projet répondra à 3 questions : (1) Comment les Québécois réagissent-ils devant la convention actuelle du doublage en français normatif? (2) Comment réagissent-ils devant des doublages réalisés dans une ou des variétés plus proches de leur réalité langagière? (3) Le fait de savoir qu’il s’agit d’un doublage influence-t-il leurs réactions à l’égard de la variété entendue?

Pour ce faire, 2 tests d’attitudes inspirés d’une technique éprouvée, le locuteur masqué, seront conçus. 120 participants, répartis selon le sexe, l’âge et la scolarisation, évalueront des stimuli de 4 ordres : a) des extraits originaux de films doublés au Québec; b) ces derniers, mais manipulés par notre équipe en collaboration avec un studio de doublage pour y introduire : (b1) des variantes phonétiques du FQ standard, (b2) des variantes phonétiques du français familier partagées par tous les francophones, et (b3) des variantes phonétiques propres au FQ familier. Les stimuli du premier test seront présentés avec bande sonore seulement à un groupe de participants et les stimuli du deuxième test seront présentés avec bande image à l’autre groupe. Un questionnaire sur l’opinion des participants à l’égard du FQ et de la langue du doublage complètera les données et permettra d’explorer les fondements des attitudes observées.

Sociolinguistique appliquée aux langues régionales: Regards croisés occitan-Québec

Subvention : Fonds de coopération internationale Nouvelle-Aquitaine-Québec (2020-2022)

Chercheuse principale : Kristin Reinke (ULaval)

Co-chercheur : Luc Ostiguy (UQTR)

Résumé :

Ce projet est le fruit d’une collaboration avec un organisme public – l’Office public de langue occitane (OPLO) – qui promeut la langue occitane (une langue en voie de disparition) en France. Le projet a été développé à l’initiative de l’OPLO qui nous a contactés en raison de notre expertise sociolinguistique dans l’étude des attitudes et représentations langagières en contexte francophone et minoritaire.

L’équipe québécoise est responsable du volet qualitatif du projet. Ce volet vise à mieux comprendre les représentations linguistiques à l’égard de l’occitan (opinions et comportements vis-à-vis de la langue et de sa promotion, les attentes vis-à-vis des politiques linguistiques, notamment dans les domaines de l’enseignement et de l’usage dans la vie publique) en Nouvelle-Aquitaine. Cette partie complétera une première enquête quantitative s’appuyant sur un échantillon important à partir duquel sera extrait un échantillon beaucoup plus restreint qui permettra de mener des entretiens plus qualitatifs.

Cette « radiographie » de la langue est indispensable à la conception et au développement de politiques publiques en faveur de l’occitan, dont le but ultime est la revitalisation de la langue occitane qui passe par la création d’un espace social stable dans lequel la langue est utilisée et par l’engagement personnel de ses locuteurs.

Le français en usage au Québec : des pratiques linguistiques aux normes sociales en partage

Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), Soutien aux équipes de recherche (2020-2024)

Chercheur principal : Wim Remysen (Université de Shebrooke)

Co-chercheuses du Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec, CRIFUQ : Kristin Reinke et Suzie Beaulieu

Résumé :

Les deux co-chercheuses sont membres du Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ), qui regroupe des chercheuses et chercheurs de cinq universités québécoises et dont les travaux partagent un objectif commun : celui de faire avancer les connaissances du français en usage au Québec. Il aborde la question langagière québécoise du double point de vue des pratiques linguistiques (notamment sous l’angle de la variation, phénomène qui a des implications sociales importantes, p.ex. dans le domaine de l’enseignement du français) et des discours (qui permettent de documenter le rapport des individus à leur langue autant qu’à leurs semblables).

Les co-chercheuses participent notamment à la réalisation de l’axe de recherche 2 du Centre : les approches sociolinguistiques, acquisitionnelles et didactiques des normes et des usages qui visent la réflexion sur la variation de la langue, tant sur le plan de la représentation théorique que sur celui de la méthodologie descriptive, la meilleure compréhension des rapports que les locuteurs entretiennent avec la langue française ainsi que le développement d’une expertise susceptible de répondre à des questions sociales en lien avec la langue.

Identification d’indicateurs de l’engagement dans la tâche pour rendre compte de l’apprentissage de la langue de la majorité par des personnes immigrantes adultes peu scolarisées ou peu alphabétisées

Subvention : Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, Programme Savoir : Subventions de développement Savoir (2020-2022)

Chercheuse principale : Véronique Fortier (UQAM)

Co-chercheuse : Suzie Beaulieu (ULaval)

Résumé :

Depuis une vingtaine d’années, un nombre grandissant de réfugiés, dont plusieurs peu scolarisés ou peu alphabétisés, a fait son entrée dans les centres de formation linguistique au Québec. Si ces apprenants montrent souvent des compétences orales avancées dans deux, voire trois langues apprises en contexte extrascolaire avant leur arrivée au Canada, leur apprentissage de la langue de la majorité en classe de langue, souvent difficile, reste très peu documenté.

Ainsi, l’objectif général de notre étude est de rendre compte de l’apprentissage du français en contexte scolaire, au Québec, de ces personnes immigrantes peu scolarisées ou peu alphabétisées. Le cadre d’analyse adopté pour atteindre cet objectif est celui de l’engagement dans la tâche, défini comme un état d’attention et d’implication soutenu, dans lequel la participation de l’apprenant comporte des dimensions cognitive, sociale, comportementale et affective. À ce jour, la liste d’indicateurs observables de l’engagement dans la tâche est relativement restreinte et peu adaptée pour rendre compte de l’engagement dans diverses tâches d’apprentissage proposées en classe de langue, ou pour rendre compte de l’engagement d’une population dont les habiletés orales sont limitées. C’est pourquoi la finalité de notre projet est de produire une liste d’indicateurs verbaux et non verbaux de l’engagement, et du désengagement, dans la tâche tels qu’observés dans une variété de tâches courantes d’apprentissage.  Afin de rendre la liste d’indicateurs facilement utilisable par les enseignants, nous organiserons la liste d’indicateurs selon la compétence langagière visée (p.ex., compréhension orale) et la modalité de réalisation (p.ex., en dyades).

Cette recherche s’appuie sur une démarche méthodologique unique qui offre pour principal avantage de créer des liens réels entre la théorie et la pratique. La liste d’indicateurs de l’engagement dans la tâche produite pourra être utile tant aux chercheurs qu’aux enseignants qui piétinent à l’heure actuelle à rendre compte de la réalité d’apprentissage des personnes immigrantes peu scolarisées ou peu alphabétisées.

Soutenir l'engagement des personnes adultes immigrantes peu scolarisées ou peu alphabétisées dans le développement de compétences en littératie au moyen d'un projet de bibliothèque vivante

Subvention : FRQ-SC- Programme de recherche en littératie (2021-2025)

Chercheuse principale : Catherine Maynard (ULaval) 

Co-chercheuse : Suzie Beaulieu (ULaval)

Autres cochercheuses : Véronique Fortier (UQAM), Valérie Amireault (UQAM), Françoise Armand (UdeM) et Lilyane Rachédi (UQAM).

Résumé :

S’inscrivant dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie, cette recherche-action se penche sur une population d’apprenant.es dont les besoins en littératie sont prégnants : les personnes immigrantes peu scolarisées ou peu alphabétisées (PIPSPA). Cette population aux caractéristiques particulières fait l’objet d’une préoccupation et d’une attention grandissantes des autorités gouvernementales (Amireault et al., 2020; Fortier et al., 2020) et des chercheur.es québécois.es (Beaulieu et al., 2019).

Plus précisément, la présente étude est guidée par la question suivante : comment favoriser le plaisir de lire et d’écrire des PIPSPA pour développer leurs compétences en littératie ? Mené par une équipe formée de chercheures de différents domaines (didactique du français langue seconde, travail social) et d’expertes des milieux de pratique, ce projet souhaite contribuer à la réflexion sur les pratiques d’enseignement soutenant le développement des compétences en littératie des PIPSPA, et ce, en suscitant leur engagement et le développement d’un rapport à l’écrit favorable aux apprentissages, deux concepts permettant de prendre la mesure du plaisir de lire et d’écrire. À partir de l’hypothèse selon laquelle un projet de bibliothèque vivante (BV) serait un moyen prometteur de stimuler ce plaisir chez les PIPSPA, cette recherche-action a pour objectif de concevoir et de mettre en œuvre un tel projet afin de documenter, tout au long de celui-ci, l’engagement et le rapport à l’écrit des apprenant.es.

Ce projet de BV sera mis en place dans quatre classes de PIPSPA au sein de deux centres partenaires de villes d’accueil de réfugié.es (Québec et Victoriaville). L’engagement et le rapport à l’écrit des PIPSPA seront documentés au moyen d’observations de classe et d’entretiens individuels. Les nouvelles connaissances produites seront diffusées directement au milieu éducatif pouvant en bénéficier, dont les partenaires de la recherche et les instances ministérielles responsables du programme-cadre d’enseignement aux PIPSPA (en cours de conception).